Bonjour,
Je m’appelle Arlette HUREL, je suis née l ‘an 1941 dans le département de l’Orne.
Retraitée depuis l’an 2000 de l’Education Nationale, j’aime pratiquer de nombreuses activités dont la peinture à l’huile et acrylique, la photographie, la marche à pied, l’observation faune et flore, la lecture et le bricolage.
Dans mon plus jeune âge j’aimais dessiner, c’était un plaisir qui occupait une partie de mon temps. Je n’ai jamais pris de cours de dessin, ni pratiqué d’initiation à la peinture. Ce que j’exécute se fait d’instinct et d’inspiration du moment.
J’ai dès le départ utilisé la peinture à l’huile sur toile et cherché ma voie dans le figuratif mais je ne m’y sentais pas à l’aise, j’ai tout naturellement dévié vers l’abstrait où la divagation mène à la création. Je suis passée au support bois, en conservant la peinture à l’huile et acrylique, dans laquelle j’introduis volontiers divers matériaux ( végétaux, tissus, papier, cendre avec pigments, fibres plastiques etc…)
Ma première exposition a eu lieu le 15 février jusqu’au 7 mars 2009 à la Bibliothèque d’Aunay sur Odon :
Arlette Hurel, femme de couleurs »
Ô âmes sensibles, arrêtez-vous un instant et réjouissez-vous ! Vos yeux vont se satisfaire. Arlette Hurel aime les couleurs. Cela « saute » aux yeux, l’Afrique qu’elle connaît bien, l’inspire : l’alliance du carmin, du brun et du noir, typique de l’art africain traditionnel, les couleurs chaudes, saturées et tranchées, le bleu intense du ciel ou de l’eau, l’ocre jaune ou rouge de la terre, tout cela rassemblé dans Terres d’Afrique et dans bien d’autres. Le goût des Africains pour les formes géométriques aussi : scarifications du lézard et de la canne-sceptre, petits carrés clairs sur fond noir évoquant un tissu dans Lézard jaune ; ou croissants de lune, damiers, bandes, symétrie du visage et de la coiffure du Féticheur.
L’Afrique est présente, c’est évident, mais Arlette Hurel ne s’est pas arrêtée à cette influence. Regardons-y de plus près.
Elle peint toujours à l’huile, toujours sur un support en bois, sauf quelques panneaux d’isorel et de carton toilé quand le bois manque.
Mais elle ne répand pas que de la peinture sur une surface plate. La planéité ne lui suffit pas, il lui faut du relief. Ses yeux aiment les matières, les matériaux, les « choses » ; ses mains les amassent, les collectionnent et les triturent, haute cuisine toute féminine. Arlette Hurel coupe, découpe, ajoute, insère, colle, bricole les objets les plus
divers. Pour le plaisir.
Elle déploie une ingéniosité africaine dans la récupération et le détournement des matériaux. En regardant attentivement, on trouvera dans ses tableaux : de la ficelle, du cordage, du cuir, des perles, des morceaux de filets en plastique à pommes de terre, de la nacre pilée, souvent du papier – mais non n’importe lequel : papier journal, papier glacé, papier paille de riz, et même papier toilettes –, du carton (plat ou ondulé, c’est selon), de la toile de jute, de la toile de lin, des sacs plastique, divers végétaux, des écorces de roncier écalées (fendues), des écorces tout court, des algues.
Mais ce n’est pas tout. Regardez bien : on trouve aussi du tissu de coton, du tissu de verre non tissé, du tulle et des morceaux de cravates en soie. Et encore : des résistances électroniques, des cure-dents, des morceaux de bois, des photos anciennes et, plus difficiles à repérer : des copeaux de cuivre. Et sans doute encore d’autres choses qu’elle taira, secret professionnel oblige !
Enfin, plat de résistance du menu de notre peintre : de la cendre ! Oui, beaucoup de cendre, prélevée le matin dans le foyer de sa cheminée. De la cendre grise tamisée ou non tamisée (on y trouve encore alors de petits morceaux de charbon), parfois naturellement brune selon le bois brûlé, parfois pigmentée. Ces cendres sont fixées en couches épaisses sur les supports en… bois. Oui, du bois à la cendre de bois, la boucle est bouclée pour se terminer en peintures !
Arlette Hurel aime la matière bois, voir les Métamorphoses du bois.
Tous ces ingrédients, c’est très bien, mais essayez d’en faire une peinture qui tienne la route ! Ce n’est pas sûr que vous arriviez à un résultat satisfaisant. Arlette Hurel, si.
Comment fait-elle ? c’est simple. Elle joue sur les textures : le velouté de la cendre tamisée, le granuleux de la cendre brute, la dureté brillante du papier glacé, les fibres rêches du tissu de verre, les couleurs métalliques flashantes des résistances, le fondu moelleux des couleurs à l’huile ou la netteté des pigments en aplats. Elle exploite les formes souples aléatoires : végétaux finement ramifiés, brins de ficelle détortillés, mailles déformées des filets en plastique, animalcules flottant au hasard dans Les Émaux. Elle crée des contrastes sensuels de matière et de couleurs : cendre grise versus papier glacé coloré dans Mise en plis, violence du maelström autour d’un havre de paix dans Zen/non zen, bleu vif de Résurgence dans
l’ocre des sables africains. Plaisir du toucher.
Du pur plaisir de peindre on glisse parfois vers l’exploration de sentiments plus troubles. Ce monstre à trois têtes, est-ce le chien Cerbère qui garde les Enfers, ou, comme le titre le suggère, trois loups de mer dans un fond marin ? Mais pourquoi ces filets de sang et cette tête coupée ? Que font ces trois pantins qui dansent dans les ouvertures d’une architecture tout en angles et en lignes heurtées à la Piranèse ? Je rentre ou je sors ?, dit le titre, mais où mènent ces trois portes ? Vers la lumière dorée d’un havre de paix ? Ou est-ce l’incendie qui les éclaire et tinte de reflets vermillon les 3 pantins ? Kieffer n’est pas loin.
Regardez pour finir Ironie du bouquet final. Curieux titre, non ? Est-ce abstrait ou figuratif ? on ne sait trop. Le bouquet est l’un des sujets bateau en peinture. Celui d’Arlette Hurel en prend plein les pétales. On ne sait trop ce qui lui est arrivé. On dirait qu’il a explosé. Explosion de couleur, certes, plus près du feu d’artifice que de la vulgaire nature morte, « tarte à la crème » si l’on peut dire, des débutants en peinture. Mais, ces couleurs… crémeuses justement, qu’est-ce que c’est beau, non ?
Corinne et Jean-Paul Bourdon, janvier 2009